Walking Dead : top 10 des vraies et fausses incohérences
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The Walking Dead, que l’on parle des comics ou de la série TV, dure depuis suffisamment longtemps pour que le récit soit rempli de petites ou grosses incohérences. Par contre, certains faits présentés comme des erreurs sont parfois réellement explicables.

1. Les zombies bouffent trop facilement les gens. (vrai !)
Là, pour être honnête, c’est inhérent à tous les films ou séries de zombies. On se demande pourquoi une simple morsure (perpétrée en plus avec une dentition et des muscles loin d’être en bon état) peut générer si vite autant de dégâts. Les membres des vivants partent en charpie comme si c’était du papier mâché. Aucune raison à cela. Si le corps humain avait si peu de résistance, le moindre choc un peu appuyé exploserait littéralement tous les membres et organes.
On a déjà parfois du mal à manger un steak, avec des outils conçus pour en plus, alors un bonhomme entier juste avec les dents…

2. Les zombies se déplacent à des vitesses différentes suivant les besoins du scénario. (faux !)
Enfin, oui, le fait est vrai et constaté, mais il ne s’agit pas d’une incohérence. Selon leur état (blessures éventuelles, pourrissement, masse musculaire d’origine, âge…), les zombies peuvent avoir des vitesses de déplacement différentes. Tout comme les humains d’ailleurs.
Aucune raison pour qu’une mémé de 120 ans, même clamsée, déboule à la même vitesse qu’un sportif de 20 ans.


3. Les zombies sortent parfois de nulle part. (vrai !)
Lorsqu’un personnage est seul au milieu de la forêt, en plein jour, qu’il ne voit et n’entend rien de spécial, il suffit en général qu’un zombie (pour le coup bien versé dans l’art de la furtivité) apparaisse pour que tout à coup, d’autres saloperies sur pattes surviennent. Il n’y a aucune raison pour que le personnage n’entende pas ou ne voit pas un groupe de plusieurs morts-vivants, surtout se déplaçant dans la forêt.
Enfin… si, ça pourrait arriver, en écoutant de la musique à fond tout en picolant, on peut passer à côté d’un troupeau de vaches sans le remarquer. M’enfin, quand l’apocalypse survient, il n’est pas tellement conseillé de se passer volontairement de sens importants.

4. L’attitude des zombies utilisés par Michonne n’est pas cohérente. (vrai !)
Que ce soit dans les comics ou la série TV, Michonne utilise une technique qui semble à première vue plutôt intelligente : elle enchaîne deux zombies dont elle a coupé les bras et qu’elle a amputés de leurs mâchoires. On va dire que ça masque son odeur pour les autres zombies éventuellement (c’est déjà très discutable, puisque des humains dans une masse de morts-vivants se font repérer instantanément s’ils ne sont pas recouverts de cochonneries putréfiées). Mais pourquoi les zombies « domestiques » se comportent-ils comme de gentils toutous ? Qu’ils ne soient plus dangereux, ok, mais ils devraient faire chier, se coller à elle, la gêner, partir dans une autre direction, essayer de la bouffer même (puisqu’ils n’ont pas conscience de ne plus avoir de dents et que seul une sorte d’instinct primaire les guide).
Faites le test avec des enfants de moins de cinq ans, qui ont à peu près le même QI que les zombies, vous allez voir que les enchaîner et leur couper deux ou trois trucs ne suffit pas pour qu’ils arrêtent de vous emmerder.


5. Les héros devraient tout le temps se balader en « armure ». (faux !)
Bien que les personnages trouvent effectivement des tenues de gardes (les tenues pour faire face aux émeutes dans les prisons figurent parmi les plus efficaces à l’heure actuelle, offrant une protection quasiment totale), il est impossible de vivre tout le temps avec. C’est lourd, c’est chaud, ce n’est pas confortable. Même les soldats, dans le désert, ne portent pas toujours leur « simple » gilet pare-balles.
Et puis c’est l’apocalypse, merde, au diable les dress codes !

6. Il ne devrait pas y avoir de zombies enfermés dans les bagnoles. (vrai… la plupart du temps !)
Bien souvent, les héros trouvent des zombies « actifs » dans les véhicules abandonnés qu’ils visitent. Pourquoi une personne irait-elle mourir de soif dans sa voiture, même au sein d’un gigantesque embouteillage, plutôt que de tenter de s’en tirer à l’extérieur ? On peut miser sur quelques individus qui se laissent mourir ainsi, peut-être sur quelques-uns qui sont trop entourés de zombies pour pouvoir sortir, mais les cas devraient être rarissimes. Il n’y a aucune raison pour que l’on trouve des zombies non-mordus (des personnes décédées de mort « naturelle ») dans les véhicules. Et si le zombie a été mordu, le véhicule n’est pas fermé, donc le zombie peut s’en extraire, or, étant donné leur propension à accourir au moindre bruit, on ne voit pas pourquoi certains squatteraient une caisse, surtout en refermant la porte derrière eux (même un zombie à fond sur les bagnoles et le tuning, j’ai des doutes).

7. Certains comportements de groupes sont invraisemblables. (vrai !)
Que ce soit les ahuris qui suivent aveuglément Negan dans la BD (cf. tomes #19 et #20) ou les crétins du Terminus qui se mettent massivement au cannibalisme dans la série TV, ces comportements sont aberrants. Negan terrorise tout le monde, il bute ses sbires quand il en a envie, et pas un seul n’a l’idée de lui coller une balle dans la tronche, ne serait-ce que pendant son sommeil. Pour le Terminus, un ou deux tarés peuvent avoir un comportement déviant, mais rien ne permet à ces mêmes tarés d’imposer leur vision à un groupe, surtout si le groupe est hétéroclite et constitué de nombreux éléments. L’individu lambda éprouve une répulsion naturelle à l’idée de manger ses congénères, même en situation de crise [1], or là, rien ne leur interdit de cultiver ou explorer.
Mais non, les mecs sont trop fainéants ! On a qu’à bouffer ceux qui se pointent, tant pis !

8. Les survivants bouffent n’importe quoi. (faux !)
Les boîtes de conserve ne posent pas de problème, ceci dit, l’on voit des survivants se nourrir d’aliments dont la date de péremption est sans doute dépassée (chocolat, chips, céréales…). Il faut prendre en compte deux éléments. D’une part, sauf la viande, tout peut plus ou moins s’ingérer sans trop grand risque quand on a vraiment faim (mourir de faim est plus « risqué » que chopper la chiasse). D’autre part, en situation de crise, l’humain en revient aux premiers étages de la pyramide de Maslow, les besoins primaires doivent être assouvis. Ce qui pourrait nous dégoûter aujourd’hui, repus, pourrait bien nous sembler être un festin après quelques jours de jeûne. Enfin, les survivants emploient des techniques de survie plutôt réalistes, notamment lorsqu’ils purifient une eau dégueulasse (série TV) avec un filtre fait maison tout à fait correct et qu’ils parlent ensuite de la faire bouillir [2].


9. Un humain « sain », non mordu, ne devrait pas se transformer lorsqu’il meurt. (faux !)
Ben, déjà, si c’était ça la source du problème, il n’y aurait pas de problème. Le « premier » zombie n’a été mordu par personne. Le fait que les personnages qui meurent de cause naturelle (ou violente) se transforment aussi permet simplement de déduire que la cause de la transformation est répandue dans toute la population vivante. La morsure serait alors simplement un… accélérateur ?

10. Le fait de se transformer si l’on est simplement mordu est idiot. (vrai !)
Eh bien oui, si tout le monde est porteur du binz (puisqu’un individu non-mordu se transforme), il n’y a aucune raison pour qu’un coup de dents accélère le processus. A priori, c’est la mort qui entraîne l’activation de ce qui transforme le mort en zombie, pas un coup de molaires, même si elles ne sont pas très propres. Si ce genre de contact était dangereux, les survivants feraient attention par exemple à ne pas être aspergés de sang lorsqu'ils tuent des zombies. Or, ça ne semble leur poser aucun problème (au point qu'ils ne nettoient jamais leurs armes blanches !).

Bonus : L'arme de Daryl n'est vraiment pas appropriée. (oui et non)
Le seul avantage de l'arbalète, c'est son silence relatif (ça fait quand même un peu de bruit en réalité). Lorsqu'il s'agit d'une progression en groupe, et que Daryl est soutenu par un ou deux éléments disposant d'armes à feu, c'est tout à fait sensé. Si un zombie se présente, il l'élimine et n'attire pas l'attention sur le groupe. Si une troupe entière survient, il peut se retrancher derrière les éléments de soutien.
Le problème survient lorsqu'il est seul, en forêt par exemple (il a tendance à beaucoup s'isoler). Une arbalète est très longue à recharger. En cas de difficulté majeure, il ne dispose donc que d'une arme à un coup (même s'il a éventuellement un flingue en solution de replis). On voit bien que, dans la série, l'arbalète est un "élément décoratif" du personnage. Elle n'a pas d'utilité tactique la plupart du temps, au contraire, elle constitue un danger constant pour celui qui l'utilise (un couteau est une meilleure solution tactique, puisque cela offre une furtivité égale, sans temps de rechargement). On pourrait à la rigueur considérer que la distance entre la cible et le tireur offre à l'utilisateur un confort supplémentaire (à calculer cependant : viser un crâne mobile, même à dix mètres, en situation de stress intense, n'a rien d'aisé), mais ce n'est possible que dans une confrontation avec un seul zombie. Or, ils ont la fâcheuse habitude de se pointer en groupe. ;o)


Alors, oui, toute œuvre comporte des défauts. Surtout si l’œuvre dure dans le temps. Est-ce que cela nuit pour autant au plaisir ? Pas forcément. Ce qui est gênant, ce sont les inepties qui font vraiment sortir de l’histoire, ou une baisse de qualité telle qu’elle va à l’encontre de ce que la série a pu représenter. Pour le reste… que ce soit des micros aperçus dans le champ, des tics de personnages ou des figurants zombies qui boivent un coup dans l’arrière-plan, ce n’est pas là suffisant pour amoindrir plaisir et passion.
Si l’on utilise le filtre du réalisme pour passer au crible nos fictions, alors tout s’effondre. Superman ne tient pas, pas plus que John McClane, Sherlock Holmes ou le grand Meaulnes.
Ceux qui démontent, en une petite vidéo maladroite de cinq minutes ou en un ricanement de forum, les récits que vous aimez sont bien incapables d’en bâtir eux-mêmes.
Avoir du recul sur ce que l’on aime est sain. Pouvoir en rire parfois est tout aussi appréciable.
Descendre un truc juste parce que c’est populaire est déjà bien plus discutable.

Si l’on étudie bien leur mission, je suis certain qu’il est possible de trouver des dizaines d’erreurs commises par Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Pourtant, ils ont marché sur la Lune.
Parfois, des gens décident de faire des choses. Même mal.
D’autres critiquent. Souvent très bien.
Entre les deux, il y a ce gouffre qui tient autant du courage que du savoir-faire.


La passion de la perfection vous fait détester même ce qui en approche.
Gustave Flaubert



[1] Lors du crash dans les Andes d’un avion transportant une équipe de rugby, dans les années 70, les survivants ont recourt au cannibalisme. Il faut noter qu’eux n’ont aucun autre choix (ils survivent ainsi dix longues semaines) et qu’ils se nourrissent, avec la difficulté qu’on imagine, de cadavres (conservés par le froid) et non d’êtres vivants qu’ils seraient amenés à tuer.
[2] Le hic vient ici du temps. Un filtre fait maison nécessite l’emploi de plusieurs couches de matériaux filtrants (dans l’idéal, des roches, du sable, du charbon) à l’intérieur desquelles l’eau s’écoule. C’est très long. Pour un groupe de taille conséquente, il faut évidemment plusieurs filtres, sinon on n’obtient jamais la quantité nécessaire par personne en une seule journée (d’autant qu’il faut encore faire bouillir le tout et, si possible, attendre que ça refroidisse).